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Le foyer était un endroit où les personnes pouvaient jouer à des jeux de hasard et se divertir avec les courtisanes. Depuis le XVIe siècle, des rixes éclataient à l'intérieur. Ces rixes étaient tellement sanglantes, que l'on décida, à la seconde moitié du XVIIIe siècle, de fermer ces endroits. Cette fermeture fut bénéfique pour les bordels, plus petits et mieux gérables. Durant cette période et jusqu'à la fin de la République on en compte bien 136.


Veronica Franco

Mais qui était Veronica Franco ? Née à Venise vers 1550, elle est restée durant des siècles le plus "noble" exemple de la courtisane vénitienne. Elle se maria très jeune à un médecin et s'adonna rapidement à sa carrière. Sa maison, à S. Maria Formosa, était fréquentée par des musiciens, des peintres et des nobles.

Chez elle se déroulaient des représentations musicales, des débats de philosophie et des lectures de poésies.

Veronica était fameuse également à l'étranger. Durant un banquet en l'honneur du futur roi de France, Henri III, elle eut l'honneur d'être portée nue devant lui sur un plat.

Agée de 40 ans, elle voulut changer de vie, et grâce à l'aide de certains nobles, elle fonda la "Casa del Soccorso" (traduction : maison du secours)aux Carmini, où l'on accueillait les courtisanes qui "voulaient changer de vie". De cette maison en ressortait des religieuses, des femmes à marier et de très bonnes travailleuses.

Les courtisanes

Après le recensement de 1509, on peut compter 11 164 courtisanes. Dans une ville cosmopolite comme Venise, avec son grand nombre d'étrangers de passage, le phénomène des courtisanes était toléré voir même encouragé. Outre le commerce des épices orientales, du sel et du tissus, un chapitre très important de l'économie de Venise était constitué par ce que l'on appellera aujourd'hui le tourisme. Pour attirer cette clientèle, la Serenissima s'était accaparée un grand nombre de reliques très précieuses. Mais comme les hommes d'affaires et les pèlerins ne vivaient pas de leur esprit pur, la prostitution commença à fleurir.

Durant la première moitié du XIVe siècle, les courtisanes étaient obligées d'habiter un quartier près du Rialto appelé "il Castelletto", et un autre un peu plus loin nommé "alle Carampane" (voir article à côté). Le soir, après le troisième son de cloche, les courtisanes devaient regagner leurs maisons, sous peine de recevoir une amende et 10 coups de fouet. Par ailleurs elles recevaient 15 coups de fouet si elles s'approchaient des hommes lors de la période de Noël, de Pâques ou d'autres jours sacrés. Elles ne pouvaient ni fréquenter les tavernes ni se promener, hormis le samedi, dans les rues de Venise. Dans chaque maison, il y avait la matrone, la directrice qui tenait la comptabilité et payait les taxes.

Il y avait deux catégories de courtisanes : celles de bas rang qui vivaient dans des maisons malsaines et qui fréquentaient le petit peuple et celles de haut rang. Ces courtisanes étaient enviées surtout par les "nobildonne", ces femmes appartenant à une famille noble mais sans titre de noblesse et qui étaient les esclaves de mille règles. Elles enviaient surtout la liberté dont ces courtisanes bénéficiaient et les liens d'amitié qu'elles pouvaient s'assurer. Les vêtements des courtisanes sont des plus élégants, leurs mèches d'un blond-roux sont très fameuses, le fameux rouge Tiziano, souvent elle oublient d'attacher à leurs cous le foulard jaune imposé par le Consiglio dei Dieci (le conseil des dix), car parmi leurs clients on pouvait compter des hauts magistrats de la République.







Outre le "Castelletto", les prostituées habitaient également du côté de San Cassiano, et plus précisément dans les maisons de la noble et antique famille Trapani. Le terme "vecchia carampana" qui signifie vieille prostituée, vient de Cà Rampani.

La zone des Carampane arrivait jusqu'au ponte delle Tette : le pont des seins. Les prostituées se penchaient par dessus le pont, avec les seins découverts, afin d'attirer les clients. C'était, on dit, une obligation du gouvernement pour "détourner les hommes du pêcher contre nature". Le problème de la sodomie était très ressenti à Venise surtout au XVIe siècle. Chaque vendredi, le collège des députés devait se réunir pour juger les sodomites. Les médecins et les coiffeurs, appelés à s'occuper de quelques hommes et quelques femmes, avaient trois jours pour dénoncer à l'administration leur "confidences amoureuses". Les homosexuels, quant à eux, étaient pendus entre les deux colonnes de la petite place de San Marco et puis brûlés.